.Les châtiments dans les camps étaient légion. Voici quelques faits parmi tant d’autres
«Dans mon block, le grand plaisir du chef de baraque, quand il pouvait prendre quelqu’un en faute, était de lui administrer 25 coups de «schlague» sur les fesses. Cela consistait à coucher le coupable sur un tabouret. Couché sur le ventre, le pantalon et le caleçon baissés, 4 Kapos lui tenaient les jambes et les bras. Le «Blockältester»(chef de block, doyen), le fameux Pepi, frappait, frappait à tour de bras avec des «han» ! Mais le supplicié devait compter à haute voix les 25 coups et en allemand. Une fois, j’ai vu les fesses d’un Russe qui avait subi ce châtiment ; à certains endroits, il avait des sillons où la chair manquait. C’était affreux à voir et à entendre … Le Kapo de mon block et de mon lieu de travail était un dénommé Bolek, avec son compère Bronek, son chef d’équipe, ils étaient polonais. C’était de vraies brutes. Dès qu’ils voyaient un «F» (français) inscrit sur une veste, ils se sentaient obligés de frapper et de gifler. La haine se lisait sur leurs visages.»
«Un kapo allemand, un droit commun, frappait avec un manche de pioche un homme à terre qui lui disait : «Non ! Je suis Français et je ne travaille pas pour la machine de guerre des ennemis de notre Pays !» . Le Rapportführer, le «SS» s’est approché de notre compatriote et lui a ordonné de reprendre le travail. Je vis quelque chose d’inouï. Notre camarade a craché à la figure du «SS». Celui-ci a sorti son revolver et lui a logé une balle dans la tête»
Jankiel Klajman – Matricule 31613, extrait : «J’ai été matricule 31613»- Archives privées 1991
«Dans la journée, par exemple, on ne pouvait pas se reposer, non plus, parce qu’il y avait les pendaisons. Il n’y avait pas de semaine sans pendaisons ! C’est impressionnant quelqu’un que l’on pend … ça fait du bruit, comme lorsque l’on scie une grosse branche d’un arbre et que cela craque au moment où elle se détache.. Et quand une exécution avait lieu, il fallait être sur la place d’appel, écouter la sentence traduite en plusieurs langues par Willy. Et après, on devait défiler sous la potence, bien regarder le ou les pendus. Il y avait toujours quelqu’un, soit un kapo, soit un SS qui surveillait et celui qui se dérobait à cette pratique prenait quelques coups de «goumi ou Gummi» (matraque en caoutchouc). Et puis il y a des brimades. Par exemple, un jour, ils ont balancé de la soupe par terre. Et ils ont obligé un de nos copains français, à faire le chien : c’est-à-dire qu’à quatre pattes, il a dû manger et aboyer en même temps, pendant que le kapo le frappait avec son goumi… Voilà, c’était gratuit. Simplement pour se distraire.»
Pierre Maurice Restoueix – Matricule 32003, extrait: «Au bout de l’enfer concentrationnaire : la VIE «
Paroles de rescapés corréziens des camps nazis»Editions Ecritures» 2002