«Les Allemands faisaient grand cas, ou plutôt grand bruit de l’hygiène. […] Les risques de contagion étaient la terreur des nazis. […] Le bruit courait-il qu’un pou avait été vu, tout le block était épouillé, et celui qui, trouvant sur lui un de ces parasites, n’en allait pas aussitôt faire la déclaration, était menacé des pires châtiments, périssait parfois sous les coups : l’épouillage comportait ainsi jusqu’à la mort du pouilleux. C’était un traitement radical.»
LES POUX
Les poux étaient l’obsession du camp et des kommandos. Malgré le rasage total à l’arrivée, malgré la douche qui suivait, ponctuée par des aspersions d’insecticides, les nouveaux arrivants étaient colonisés par ces indésirables bestioles en moins de vingt-quatre heures.
On n’imagine pas la quantité de «morpions» qui pouvaient nous envahir. Ils se fourraient dans tous les plis et replis de nos vêtements de fibranne, tout particulièrement le long des coutures où ils étaient si serrés qu’on pouvait croire à des points supplémentaires d’un gros fil gris.
[…] Ces poux de toutes variétés contribuaient encore à nous affaiblir car ils se nourrissaient de notre sang; Ce sont eux qui, à plusieurs reprises, provoquèrent des épidémies de typhus au camp même ou dans des chantiers.
Deux ou trois fois vinrent dans les divers kommandos, des voitures de désinfection. Les vêtements étaient stérilisés…..très provisoirement. Dès le lendemain, ils étaient de nouveau infestés (pg. 76)
Edmond-Gabriel DESPRAT, Torturés à vie, FUS-ART, 1996.